Loin de rassembler les foules comme en 2009, lors d’une mémorable reconstitution historique, le 68ème anniversaire de la Libération de la ville a été fêté en toute intimité par les sociétés patriotiques et quelques fidèles Revinois. Ce manque d’intérêt suscite bien des questions.

A peine une trentaine de personnes ont commémoré la Libération de la ville par les Américains, le 3 septembre 1944. (Photo @rdenne-mag)
Pour nombre d’entre nous, la liberté est un droit naturel. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. La Seconde Guerre mondiale en témoigne. Bafoué, piétiné par l’idéologie nazie, le premier élément de la devise nationale, a dû sa restauration au sacrifice d’hommes et de femmes, « qui ne se sont pas résignés à l’occupation allemande », comme l’a rappelé dans son allocution Michel Sage, président de la section locale UNC.
La date du 3 septembre1944 n’évoque plus grand-chose dans les mémoires revinoises, hormis celles qui ont vécu cette période. Le 21ème siècle a choisi de vivre dans l’immédiateté, ne laissant quasiment aucune place aux cérémonies du souvenir, à moins qu’on ne les transforme en attraction touristique.
D’où un maigre défilé, sans tambour ni trompette (la rentrée de l’UMR n’ayant pas encore eu lieu). Partis de la mairie, les participants ont rejoint la place Mirabeau, où Philippe Vuilque, maire, et Dominique Ruelle, adjointe, ont déposé une gerbe, de même que le président de l’UNC.
Sacrifice
Revin a été libérée dans un contexte particulier, moins de trois mois après le massacre des Manises (13 juin 1944), où 106 maquisards ont été exécutés par les Allemands. Ils étaient jeunes pour la plupart, mais les nouvelles générations ne semblent pas s’intéresser à leur histoire. Les anciens combattants, résistants craignent que leur souvenir ne se perde.
Pour M. Sage, « cette mémoire collective trouve tout son sens chaque année quand, sans attendre une éventuelle exposition ou défilé de véhicules militaires, notre poignée d’irréductibles – ces fidèles des défilés et des cérémonies patriotiques -, nos élus et les représentants des associations combattantes de Revin, se retrouvent ici, devant notre Poilu, pour évoquer les drames qui se sont déroulés dans notre forêt et notre vallée. »
Philippe Vuilque a lui aussi rappelé les circonstances particulières de la libération de Revin : « Au départ des troupes allemandes, la libération de la ville est un moment de joie contenue, la population est encore sous le choc du massacre », avant de poursuivre : « Dans nos Ardennes, en ces premiers jours de septembre souffle à nouveau le vent de la liberté (…) Nous ne devons pas oublier ces moments, ne pas oublier ce que nous devons à nos libérateurs, à nos résistants, qui ont sauvé l’honneur de la France. »
Si l’ennemi d’aujourd’hui n’est plus l’occupant nazi, les idéologies nauséabondes sont encore légion et tentent d’asservir les peuples. D’où l’importance de commémorer les événements qui garantiront aux générations futures de vivre en toute « Liberte – Egalité – Fraternité ». « Le pire serait l’oubli, a conclu l’édile, avant d’aller saluer les porte-drapeaux. C’est pourquoi nous avons choisi de ne pas oublier. » Puisse-t-il faire des émules.